Lundi matin. Je manque de me couper deux doigts avec un couteau à pain. Du coup, toute la semaine, je fais attention. Je manipule les cadres en verre de l’expo avec énormément de précaution.
Café littéraire Dialogues. La dame à côté de moi n’écoute pas la conférence, elle a un casque sur les oreilles et rit en regardant une série asiatique sous-titrée sur son portable.
A côté d’elle, des petits origamis faits avec l’emballage du sucre.
Je retrouve Stéphane à la foire Saint Michel. Ca fait vingt ans qu’on ne s’est pas vus. Maintenant, il est devenu spécialiste de death metal.
Stéphane : “Dans la vie, parfois, il y a des coïncidences. Par exemple, je parle d’un chanteur argentin, on allume la télé, et on apprend sa mort, ou alors je pense à un truc en lisant, je tourne la page, et paf, le truc auquel je pensais.” Et il insiste : “Et je ne pouvais absolument pas voir à travers la feuille !”
Aujourd’hui, à l’Intermarché, sur leur emballage, ce n’est pas marqué “Poulet rôti”, mais “Entrée manuelle”.
Hier, je passe devant une boîte aux lettres et je note machinalement le nom marqué dessus dans ma mémoire. Aujourd’hui, le journaliste que je croyais parisien m’apprend qu’il habite là.
Je regarde la mer du haut du jardin des explorateurs. Deux vieilles dames passent : “Ah non, contre la peur, on ne peut rien faire.”
“Non, tout, mais la peur, on ne peut pas.”
“Une fois, une boule de feu, dans mon salon ! Et encore, elle est entrée et puis elle est sortie sans rien déranger.”
De retour à Dialogues pour accrocher l’expo. Je retrouve la dame à l’ordinateur avec le casque sur les oreilles. Elle a fait de nouveaux origamis avec du papier brillant. Je lui demande si je peux les prendre en photo. Elle me les donne.
Je pars chercher des clous et un marteau pour consolider les cadres. Quand je reviens elle est partie, et les origamis ont disparu.
Finalement, j’en trouve un blanc au pied de sa chaise.
Arthur : “T’imagines le type dont le métier c’est de compter les poils des chiens ?”