A la caisse de la Coop, une dame avec une voix hyper aigre et haut perchée : « Z’avez de l’eau d’rose ? De l’eau d’rose ! J’veux de l’eau d’rose ! »
Plage en Normandie. Corentin est piqué à la paupière par une méduse. Il faut laver, enlever le reste des tentacules avec le bord d’une carte de crédit, laver encore. Je vais lui chercher une compresse glacée à la pharmacie. Comme il fait du surf, ça lui arrive souvent.
Monique regarde les gens qui font du parachute ascensionnel. Au bout d’un moment d’analyse, elle dit : « Ils sont dans un sorte de sac. »
Escalier vers la cabane Vauban. Un vieux monsieur avec une canne le descend en disant alternativement : « Bonne jambe... Mauvaise jambe. »
On ramène les amplis d’Arthur chez le loueur. Je fais très attention à ce qu’ils ne prennent pas de chocs et je conduis prudemment : il y en a pour une fortune. Arrivé à Gourin, je me détends. Il ne faut pas. En deux minutes, on manque de se prendre un tracteur et un camion, et une voiture déboule sur la gauche.
Entretien de la chaudière. Le réparateur est un monsieur qui parle tout seul et chantonne à demi. Quand il démonte le thermostat, il dit : « Oui mon petit mon petit mon petit. »
Il descend l’escalier en chantonnant : « Attation ma tête / Attation ma tête »
Il remonte : « Ah mais oui mais oui mon petit mon petit »
J’ai fait deux vieux rêves, cette nuit. Deux histoires embrouillées qui me semblent d’autant plus nébuleuses que j’ai le sentiment de les avoir déjà rêvées, et plusieurs fois. Jamais dans la même nuit cependant.
La première est une histoire d’appartement sans fenêtres, au fond duquel se trouve un autre appartement, puis un autre, toujours plus enfoncés dans l’immeuble. Un appartement que je convoite, mais dont j’ai un peu peur. Que je ne suis jamais résolu à louer. Une voix me demande ce que j’attends.
L’autre est liée à la boîte aux lettres : je reçois une grosse enveloppe remplie de plein de petites, dont chacune est une emmerde administrative, une facture ou une requête quelconque. Ils avaient perdu mon adresse, l’ont retrouvée, d’où cette grosse enveloppe récapitulative.
Le point commun de ces deux histoires, c’est l’effet de réel. Je n’arrive pas à savoir si ce sont des rêves où si je les ai vécues.
A priori, je dirais que la première est totalement rêvée et la deuxième partiellement. Et pourtant, je jurerais être déjà allé dans cet appartement. Je peux même le situer avec précision dans sa rue.
Mais si je vais dans la rue en question, l’immeuble n’est pas là.
Je ne sais pas si ce sont des rêves ou des souvenirs, mais en tous cas, ce sont deux vieilles peurs, deux très vieilles peurs.
Après les avoir rêvées cette nuit, je me sens étrangement apaisé.
Un garçon avec qui je discute : « Tu t’appelles Kadafi ? » « Oui, Kadafi, sans h. Mais tout le monde pense évidemment au dictateur. Je ne sais pas ce que mes parents avaient dans la tête, putain »
« En plus j’ai deux cousins, dont l’un s’appelle Hussein, et l’autre Saddam... »
François me raconte qu’une fois, il est allé en Californie pour travailler pour un studio de dessins animés. Il était hébergé chez des gens très riches, qui avaient une villa sur les hauteurs de Los Angeles. Un matin, il se lève, et tombe sur un vieux monsieur en peignoir, qui sort de la cuisine et lui dit : « Salut, je suis un ami de xxx. Tu veux que je te fasse un café ? » Le type, c’était Alice Cooper.
Une dame très flippée à la caisse de la librairie. Sueur et tremblements. Elle murmure à la libraire : « Vous avez quelque chose sur Matrix ? »
J’anime un atelier d’écriture en prison. T, un participant, me demande si on me rembourse le gasoil. Je lui réponds : « Bien sûr, et l’asso est rémunérée ». Il hausse les épaules : « Pff, encore de l’argent foutu par les fenêtres... »
« Ah c’est pas contre toi, hein, l’atelier est super, mais bon, on pourrait plutôt nous faire faire des ateliers utiles, genre jardinage ou plomberie. »
« Moi, pour être franc, je suis les ateliers juste pour avoir des attestations, sinon je m’en fous. »
« Je fais tout, tout ! Même la préparation de la messe, c’est te dire. Moi, t’imagines, en train de préparer la messe ? »
« Ah non, j’y crois pas du tout à leurs conneries. »
Il se penche et parle à voix basse : « Le mec, il me dit que c’est le corps du christ, tu te rends compte ? Le corps du Christ... »
Il se redresse et s’exclame : « alors que c’est du PAIN, putain !!! Du PAIN !!! »
Il se tape le front avec l’index : « ils sont complètement tapés. »
Pause déjeuner. Le mirador me fait penser à un cyclope. Je repense à Ulysse s’échappant de la caverne en s’accrochant à la laine des béliers. Je baisse les yeux. Au pied de la tour, une bande de terrain gazonné avec des moutons.
Il y a sinon beaucoup de chats dans la prison, dans un espace triangulaire à l’air libre fermé par trois autres bâtiments. « Au départ ils étaient deux, maintenant ils sont super nombreux. »
Je rentre vers Brest en pensant à ces chats en prison.
Sur la route d’Audierne, dans la brume, une enseigne « pompes à chaleur, froid commercial », mais je crois lire « pompes à chiale, froideur commerciale »
Lu un article sur les sailing stones, des pierres qui bougent toute seules dans le désert américain, et laissent une trace derrière elles, comme celle d’un serpent (un phénomène du à une fine pellicule de glace qui se forme la nuit). Je cherche si quelqu’un s’est déjà emparé de ce thème dans un roman. La seule occurrence, c’est le Super Picsou Géant numéro 14 de juillet 1986 .
Brest. Un serpent a été trouvé dans un arbre du boulevard Gambetta . C’est un petit serpent exotique, de couleur orange.
Lu dans Ouest-France : « En bonne santé, ce Nac, comme « Nouvel animal de compagnie », a donc été confié au terrarium de Kerdanet, à Châtelaudren-Plouagat, dans les Côtes-d’Armor : un refuge officiel pour les reptiles abandonnés ou perdus sur la voie publique. L’y avait précédé le gecko trouvé au mois d’août à Plouzané. »
Dans le vallon du Stang-Alar, sinon, les gens abandonnent des tortues. Il y a plusieurs centaines de tortues de Floride qui survivent là. Ce sont des prédateurs.
Dans Ouest-France : « Au Folgoët, depuis six ans, le refuge SOS Tortues de Bretagne accueille environ 400 tortues, terrestres ou aquatiques, d’une vingtaine d’espèces différentes. « On réussit à en faire adopter une trentaine alors qu’on en récupère 70 par an, expliquent les bénévoles Manon et Antoine Neveux. Sans oublier qu’elles peuvent vivre de 80 à 100 ans, tranquillement. »
Lu sur internet : « À 90 ans, « Geronimo », le plus vieux détenu de France, quitte sa prison corse pour celle de Salon-de-Provence. »
Le détenu en question est un tueur en série d’origine corse. Il fait partie d’une famille de onze enfants « dont sept ont connu un destin tragique : l’un est mort en bas âge, deux dans des accidents, deux ont été tués par balles, et deux autres ont été condamnés à de lourdes peines pour des meurtres »
« La légende locale veut que la malédiction familiale trouve ses origines dans les années 1920, lorsqu’une tortue géante se serait échouée sur la plage de Propriano. Les villageoises ont voulu la sauver, mais le père lui aurait coupé la tête et aurait confectionné avec sa carapace le berceau de ses enfants. »
Petit-déjeuner. Je verse de l’eau bouillante dans une carafe en verre pour faire un citron chaud. Elle éclate et tout me tombe sur le pied gauche. Passé cinq minutes le pied dans l’eau froide. Bon début.
Plus tard, dans la rue, je rate une marche et me luxe le même pied gauche.
Fin de journée : je rate un trottoir, me plie douloureusement ledit pied gauche, relève la tête et aperçoit un monsieur qui marche avec une canne, la jambe gauche manifestement hors d’usage.
L’autre jour, entendu parler trois fois de méduses. Je me suis noté « les trois méduses », mais j’ai oublié de quoi il s’agit.
Ça me revient, il y a « Méduse », le livre de Boum, il y a « Le Roi Méduse », la BD de Brecht Evens, que m’a prêté S. La troisième est une vraie méduse, je crois, mais impossible de me souvenir de qui/quoi.
« Méduse est un personnage de la mythologie grecque, la seule mortelle des trois Gorgones, avec ses sœurs immortelles, Sthéno et Euryale. »
Ateliers avec l’UBO. L : « La poésie, c’est quand t’as pas envie de travailler, mais pas envie de rien faire non plus. »