Je confirme à un groupe qu’il est programmé au Festival invisible. La personne valide par SMS, mais fait une erreur de manip avec l’appli vocale Siri, et me répond : « Le nombre du cul. »
Arthur est parti en voyage avec mon beau-père, sa tante et son cousin. Je suis parti chercher du liquide pour e-cigarette. En rentrant, je lis sur une camionnette garée : « DUBREUIL », en grandes lettres sur fond blanc, très lisibles. C’est le nom de mon beau-père. Je me dis confusément : « J’espère que ce n’est pas un signe. »
Je rentre. Le téléphone sonne. Il est décédé, à l’instant.
Il est décédé dans les Pyrénées dans un village. Au moment fatidique, une énorme tempête de grêle a éclaté.
On nettoie la maison de Jacques avant le retour du corps. J’efface les toiles d’araignées du haut velux avec une perche télescopique.
Le corps a été rapatrié. Le croque-mort a du mal à enfiler ses gants élastiques. La dame des pompes funèbres pouffe : « C’est normal, c’est les petite taille. »
Le corps de Jacques repose sur un lit. Je vais jeter le linceul synthétique. Je me retrouve comme un con à hésiter entre la poubelle verte et la jaune.
On dort dans un gîte juste à côté, l’Ancien Presbytère. La dame est étrange et charmante. Elle fait visiter les chambres, chasse une toile d’araignée discrète, me sourit : « Moi j’adore les araignées. »
On parle des obsèques. Elle dit : « Oh, moi je prépare soigneusement les miennes, parce que... » Elle se penche et chuchote : « ...je voudrais des negro spirituals ! »
Dans un coin du presbytère, « Bécassine chez les turcs. »
Je vois des signes partout : hier, pendant une réunion, un jeu de tarot de Marseille. La carte dévoilée, Le Pape, ressemble étrangement à mon beau-père.
Derrière le rideau de scène avant le spectacle, je regarde les silhouettes des organisateurs qui se découpent sur le rectangle de la porte ouverte sur la rue. Ils ont l’air tout petits. Par une étrange illusion d’optique, les gens qui passent à l’arrière-plan sont des géants.
Le réparateur de chaudière est là pour une fuite. La chaudière se met à vibrer. Il pose la main dessus, inquiet : « Houla, houla, esprit-es tu là ? » Il me regarde : « N’est-ce pas ? » Et il reparle à la chaudière : « Es-tu là, es-tu là, es-tu là ? »
Priscillia : « La Corse sous la pluie, c’est Brest. »
J parle à T. Il cherche le nom d’un personnage.
J : « C’est un personnage roux. »
T : « Je vois pas. »
J : « Mais si, tu sais, chez Disney... »
T : « Rebelle ? »
J : « Non »
T : « Tigrou ? »
Gare Saint-Lazare. Un vieux monsieur aveugle avec une sébile. Il passe du Brassens sur une petite sono : « Quand je pense à Fernande, je bande... » Il a un chien à ses pieds, un livre des Fables de la Fontaine plastifié posé sur un lutrin.
On passe devant lui. Derrière nous, on entend une dame qui parle fort : « Ah mais je vais faire un signalement, vous allez voir ! C’est une honte ! »
La dame repasse devant nous. Elle vient d’engueuler le vieil aveugle à cause de son chien. Elle porte un brassard « Vegan ».
Par curiosité, je vais voir le chien : il a l’air en bonne santé, il dort aux pieds de son maître, attaché à une laisse.
Je glisse une pièce à l’aveugle qui vient de se faire engueuler. Aussitôt, couvrant la chanson de Brassens, il récite : « Je vous remercie monsieur, merciiii, merciii. »
Quand les porte du métro se referment, on entend encore son « merciiii » mécanique.
La dame au brassard vegan est en face de nous, le regard fixe et le menton relevé. Elle tient une boîte de transport dans laquelle on devine un chat.
A Taxi, Élise m’a réservé un Uber. J’ai une photo du conducteur et de sa plaque d’immatriculation qui apparaît sur mon téléphone. Quand il arrive, il baisse la vitre et me regarde d’un air interrogatif. Le nom de code est Élise.
Le conducteur regarde des séries en conduisant. Il a accroché un portable horizontalement, et le son diffuse dans tout le taxi. Une histoire de tension entre les deux Corées.
Dans le train du retour, une file de retardataires dans l’allée centrale du wagon. L’un d’entre eux est ruisselant et tente de reprendre son souffle. Arrivé à ma hauteur, je lui demande bêtement : « Vous avez couru ? » Il me fusille du regard et me répond un truc désagréable.
Don Quichotte : « Et sur la tête de qui vous voudrez, je vous jure, mon maître don Quichotte de la Manche, que je suis votre écuyer Sancho Panza, et que je n’ai jamais été mort de toute ma vie ! »
Don Quichotte : « Dieu me comprend, et ça me suffit ; parce que j’aurais encore beaucoup à ajouter, mais je préfère me taire. »
10h du mat. Sur le toit en zinc, un oiseau court avec des chaussures à clous.
J’ai un torticolis. Ce matin, Maïwenn me dit : « Ça va mieux ton tournicotis ? »
En voiture. Par le pare-brise, j’observe un jeune homme qui court à toute berzingue sur le trottoir. Où va-t-il ? Pas d’arrêt de bus dans le coin immédiat. Il court comme si sa vie en dépendait et manque de se prendre une voiture aux passages cloutés.
Il court toujours. Il a une épaisse tignasse rousse et des vêtements rouges. Il court sans faiblir. C’est le bus, tout là-bas, qu’il vise. Impossible à atteindre. Et puis si. Vas-y mon gars, tu vas y arriver !
Dans le rétro, je vois qu’il a réussi à monter. J’exulte. Un véritable exploit et personne pour s’en rendre compte.
Je vais chercher Arthur à la sortie de son cours d’Aikido. Je me gare sur une place en bout de file, à l’endroit où la route s’incurve un peu avant le rond-point. J’enlève ma ceinture. Dans le rétro, j’aperçois une voiture qui roule à fond la caisse.
Elle s’approche, elle commence à avoir des embardées. Le conducteur roule au moins à 120 km/heure, en plein centre ville. Il est à deux doigts de perdre le contrôle, la voiture oscille d’un pneu sur l’autre. Il va me rentrer dedans.
Il me frôle en un souffle. Dérapage et freinage intense avant le rond-point, qu’il coupe en deux en manquant écraser un passant. Il disparaît sur l’avenue. Je suis immobile, assis, étrangement calme, mais mon petit cœur bat très vite.
Dans la clairière qu’aimait Jacques, où il allait tous les étés, le grand chêne est tombé pile sur le rond de pierre où il faisait son feu.
Déménagement. L trouve une bière dans le frigo : « Ah tiens, une bière sans alcool ? » Il l’ouvre. 5 minutes après, il commente : « Très bonne, cette bière sans alcool. » 10 minutes plus tard, alors qu’on lui demande à quelle heure il part : « Je finis cette bière sans alcool et j’y vais. »
P : « Il faut que je te dise un truc par rapport aux coïncidences. »
Moi : « Quoi ? »
P : « Tu te souviens, je faisais votre son pendant votre concert rue Saint Malo... Je venais de rompre avec ma petite amie. J’étais triste. Et là, soudain, je la vois, en haut de la rue, qui marche, qui vient vers moi, se penche vers moi, et m’embrasse. Depuis on est toujours ensemble. Mais ce qui est vraiment dingue... »
Moi : « Quoi ? »
P : « C’est qu’au moment où je l’ai aperçue, tu venais juste de commencer ta chanson « Retour immédiat de l’être aimé. »